Les forces de l’ordre guinéennes prises la main dans le sac !

24 août 2016

Les forces de l’ordre guinéennes prises la main dans le sac !

CMIS

Bien qu’il y ait eu au moins 70 personnes tuées par balles depuis 2011, les forces de l’ordre avaient toujours nié avoir tiré sur les manifestants. Alors que les victimes étaient toujours des civils, ils accusaient ces derniers d’être armés et de les avoir agressés. Cette fois c’était flagrant. D’ailleurs eux même l’ont compris.

Que s’est-il donc passé ?

Ce 16 Août, malgré la pluie, ce sont près de 700 000 guinéens qui ont répondu à l’appel à manifester de l’opposition pour exiger plus de démocratie, de justice, de sécurité et de liberté. La marche qui s’est déroulée du rond-point « Bambeto » à la terrasse du Stade du 28 Septembre n’a pas connu d’incidents.

Il faut saluer l’initiative du nouveau Gouverneur de Conakry, le Général Mathurin Bangoura qui, contrairement à ses prédécesseurs (qui proféraient toujours des menaces) a appelé l’opposition à la table de dialogue. Il a profité de l’occasion pour demander à l’opposition de changer son itinéraire et se rabattre sur l’autoroute « le prince » au lieu de celle « Fidel castro ». Ce que l’opposition accepta. En retour, le Gouvernorat et les forces de l’ordre s’engagèrent à sécuriser la marche jusqu’à la fin. Tout le monde était content !

Les guinéens commençaient à se féliciter de cette avancée démocratique quand un incident regrettable éclata à Bambeto.

Les manifestants rentraient paisiblement chez eux après la marche quand la CMIS (Compagnie Mobile d’Intervention et de Sécurité) visiblement jalouse de cette marche historique décida de gâcher la fête. Ils érigèrent un barrage sur la route, intimant les manifestants de rebrousser chemin ou d’entrer dans le quartier car, selon eux, le temps autorisé pour la marche est épuisé. Il faut rappeler que les manifestants n’avaient pas le choix. Ils ont marché depuis la haute banlieue jusqu’au stade. Pour rentrer chez eux, vu qu’il n’y avait pas de moyens de déplacement, ils étaient obligés de marcher. Certains leaders de l’opposition qui les raccompagnaient (car tout le monde craignait cela) essayèrent de ramener les forces de l’ordre à la raison mais, en réalité, ces derniers cherchaient l’affrontement. Leur modus operandi est connu : faire en sorte qu’il y ait troubles et profiter pour brigander les civils en leur retirant leur argent, leurs téléphones, leurs motos et éventuellement rentrer dans les quartiers piller les maisons et commettre des exactions sur les citoyens.  Tout habitant de l’axe « Hamdallaye-Bambeto-Kagbelen» en est familier.

Ainsi, décidé à aller au bout de leur projet, ils refusèrent de céder le passage et, comme il fallait s’y attendre, les esprits des jeunes s’échauffèrent. Certains commencèrent à filmer le comportement de la CMIS à l’aide de leurs téléphones portables. Ce qui irrita les agents qui se mirent à tirer des balles réelles. Un jeune homme de 20 ans qui se tenait sur le balcon de son appartement fut mortellement touché. Douze autres personnes dont une femme et son enfant eurent plus de chances. Ils ne furent que grièvement blessés et évacués à la clinique « Mères et Enfants » de Kipé.

Prises de peur, les forces de l’ordre acceptèrent de libérer le passage à la condition que les jeunes ne ripostent pas à cette énième bavure.

Le soir, le Gouvernement a fait un communiqué pour reconnaitre la bavure des forces de l’ordre (même s’ils ont modifié les conditions dans lesquelles elle s’est produite). Dans le même communiqué, on apprend que le coupable (un capitaine) a été arrêté et qu’une enquête vient d’être ouverte. Une première !

Et maintenant tout le monde attend la suite. Les plus sceptiques disent que c’est de la poudre aux yeux mais moi je refuse de jeter le bébé avec l’eau du bain. J’espère que toute la lumière sera faite sur ce cas et que les coupables des bavures précédentes seront aussi retrouvés.

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