Les bana-bana de Madina

9 novembre 2015

Les bana-bana de Madina

Marché de Madina

Le week-end dernier, j’ai profité de mon temps libre pour aller faire une immersion chez les bana-bana de Madina.

Pour les fidèles lecteurs de ce blog, je n’ai pas besoin de vous expliquer ce que Madina représente pour la Guinée. J’en avais déjà parlé dans un précédent billet. En l’occurrence Bienvenue à Conakry. Mais bon, pour ceux qui l’auraient oublié, Madina est le plus grand marché de la Guinée. Il est situé dans la commune de Matam. Beaucoup de Maliens, Léonais, Libériens ou encore Bissau-Guinéens, y viennent pour s’approvisionner en marchandises. C’est pour vous dire que c’est un grand centre de négoce.

Dès que tu arrives à Madina, la première chose qui te frappe, c’est l’embouteillage. Entre les femmes assises aux abords de la route, les jeunes marchands ambulants qui proposent tous types d’articles, les charrettes chargées de marchandises conduites par des « wali-wali » (charretiers) qui crient sans cesse « koté, koté » (manière de dire qu’ils portent une charge lourde), il y a les véhicules qui klaxonnent sans arrêt afin de se frayer un passage. Tu es donc obligé de regarder en permanence derrière toi pour ne pas être écrasé. Enfin, il y a les voleurs qui profitent de ces embouteillages pour soutirer les objets précieux des passants. C’est là que je te donne ce conseil mon ami : ne mets jamais quelque chose de précieux dans les poches arrière de ton pantalon à Madina. Ne porte pas non plus ton sac à dos par-derrière. Il doit être « sac à ventre » jusqu’à ce que tu sortes du marché.

Passé ces embouteillages sans se faire écrasé ou dépouillé, quel que soit ce que tu es venu acheter, tu vas forcément croiser un « bana-bana ». Ah oui, ils sont partout, devant chaque boutique et chaque magasin.

« Bana-bana » est un mot wolof (principale langue du Sénégal voisin) qui signifie « pour moi, pour moi ». Ce mot sert à désigner ces nombreux débrouillards qui connaissent Madina par cœur. Ils n’ont pas de capital, mais sont connus des commerçants et font tout pour gagner leur confiance. Dès qu’ils te voient passer, ils t’interpellent et veulent savoir ce dont tu as besoin. Ils ne te lâcheront pas tant que tu ne leur auras pas répondu. Il suffit que tu prononces le nom d’un produit pour qu’un d’entre eux te dise de l’attendre. Il s’éloigne en courant et te laisse dans le groupe où l’on te demande sans arrêt ce que tu cherches. Après quelques minutes d’attente, il est de retour tout en sueur. S’il revient sans la marchandise et te dit qu’il n’y en a pas, sache alors que ce produit est introuvable dans tout le marché de Madina. Sinon, il revient avec la marchandise qu’il est allé prendre chez le commerçant d’à côté ou à l’autre bout du marché et vous entamez une longue et interminable négociation.. Il peut te proposer 100 000 GNF pour un produit qui ne se vend qu’à 30 000 GNF. Tu ne dois donc pas avoir peur du premier prix. C’est « à discuter ».

Après la vente, le « Bana-bana », enlève sa marge et ramène le prix de la marchandise chez le commerçant. Ensuite, il revient guetter d’autres acheteurs. La même scène se répète toute la journée et chaque jour. Pour eux, la survie est une lutte quotidienne.

Ainsi donc, l’efficacité d’un « bana-bana » dépend de sa connaissance du marché (où trouver telle ou telle marchandise), la confiance qu’ont les commerçants envers lui et son audace.

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