Vendre dans les interminables embouteillages de Conakry

Article : Vendre dans les interminables embouteillages de Conakry
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25 septembre 2015

Vendre dans les interminables embouteillages de Conakry

Conakry, la capitale guinéenne est connue pour ses interminables embouteillages. Que tu empruntes l’autoroute « Fidel Castro » ou la route « Le prince », tu dois toujours t’attendre à tomber dans un bouchon. L’une des causes est sans doute le fait que le centre administratif de Kaloum et le grand marché de Madina sont du même côté de la ville.

Le matin donc, tout le monde se dirige dans la même direction et le soir tout le monde prend le sens inverse. Imaginez donc le calvaire quotidien des Conakrykas.

Le malheur des uns fait le bonheur des autres

bouchons-e1437043734483-364x245Ces bouchons ne font pas que des malheureux; en effet, ils font le bonheur de centaines de marchands ambulants.

Marchandises sur la tête, ou parfois dans un sac à dos, ces jeunes hommes et femmes circulent entre les rangées des voitures et proposent toute sorte de produits. Cartes de recharge, journaux, sachets d’eau minérale, boîtes de conserve mais aussi des articles plus grands comme des assiettes ou même des chaises en plastique.

La marchandise peut aussi varier selon la période. Ainsi, on peut trouver plus de cahiers, ardoises, stylos… en septembre-octobre; dattes, mayonnaise… pendant le ramadan ou encore des gadgets du SYLI NATIONAL (l’équipe nationale de football) lors des compétitions sportives comme la Coupe d’Afrique des Nations (CAN).

Mamadou, la vingtaine,  vend des cartes de recharges téléphoniques. Il en a pour tous les opérateurs. Etudiant en licence 2 sociologie dans une université de la place, il profite des vacances pour faire cette activité afin de subvenir à ses besoins.

Mabinty quant à elle, vend de l’eau minérale. Mariée et mère de deux enfants, elle fait cette activité afin d’aider son mari (qui ne gagne pas assez) pour les dépenses quotidiennes.

Au moment où je l’interviewais, on entend une voix de loin qui l’interpelle : «Yé kayyi !!! » (Vendeuse d’eau); Mabinty court vite tendre un sachet d’eau à un chauffeur de taxi. Elle poursuit le taxi jusqu’à ce qu’elle reçoive son billet de 500 GNF, puis se retourne. Cette poursuite peut parfois aller jusqu’à 100 mètres selon que l’embouteillage bouge ou pas.

Qu’en pensent les usagers ?

Les avis des usagers sont partagés sur le sujet. Pour certains, ces marchands les arrangent, car en plus du fait qu’ils leur font gagner du temps en leur proposant des marchandises en pleine circulation (ce qui leur permet d’avoir ce qu’ils veulent sans descendre et aller au marché), mais aussi les prix sont très abordables.

Pour d’autres, ces marchands doivent rester dans les marchés car ils provoquent beaucoup d’accidents surtout avec les motards.

Pourquoi vendre dans les embouteillages au lieu de rester dans les marchés ?IMG_20150919_142533

Pour répondre à cette question, j’ai rencontré Ibrahima, un vendeur de réchauds électriques. « Au marché, il faut louer une place et payer des taxes, alors qu’ici nous ne payons rien et puis ici on a la possibilité d’exposer nos marchandises aux centaines d’automobilistes. », me dit-il. Et de terminer, un large sourire sur le visage, avec ce dicton célèbre peul : « Ko yeeyete yee6ete », c’est-à-dire « la marchandise à vendre doit être exposée ».
A bientôt !!!

 

 

 

 

 

NB : Les noms des marchands ont été modifiés

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